Si c'est pas le meilleur endroit de rencontre ici ? (PV Zyaniid)

Rien de tel qu’une petite promenade au cimetière la nuit, un sachet de nougats à la main. Amateur de film d’horreur que je suis, je fus tout de même déçue de ne voir aucun cadavre plein de vers avec du jus nauséabond sortir de dessous une pierre tombale. Mais bon un peu de calme ne me ferait pas de mal. Le bruit de Paris le jour était pour moi presque insupportable, je pensais pourtant être habituée au brouhaha des grandes villes. Etre seule en train de dévorer mes nougats était aussi un véritable plaisir. Je crois que l’argent que j’ai volé obtenu ne me sert que pour payer les hôtels et les friandises que je mange sans cesse pendant la journée. Oh oui de bonnes friandises… et dire que je pense à ça pendant que je me balade au cimetière… Je fus d’ailleurs surprise de voir que quelqu’un d’autre était ici, enfin, je ne pouvais pas vraiment dire si c’était un homme ou une femme, voir si c’était un humain ou juste une boule d’ombre que je voyais devant le portail.

« Y’a quelqu’un ? »

Une nuée de corbeaux se jeta droit devant leur bec, en bref, sur moi (j'avais l'impression qu'ils avaient fait ça pour me dire : "Mais tais-toi !"). Le temps que je dégage ceux qui avait mal visé et qui c’était totalement projetés sur moi, la forme avait disparu.

« L’ombre est partie… (Je me retournai pour reprendre ma trajectoire) Bah pas gr*SBOMG* »

Je tombai à terre, lorsque je remarquai je j'avais été bousculée. Décidément, depuis que je suis ici je ne fais que me faire bousculer par des gens (ou tomber sur leurs pieds c’est pareil, je me mets la honte.) La personne était juste au-dessus d’un lampadaire, ce qui m’a permit de la distinguer.

« Hé vous auriez pu faire attention monsieur… me… me… mademoiselle ? »

Zyaniid déambulait entre les allées désertes du cimetière du coin. Une cigarette à la bouche, les mains enfoncées dans les poches de sa jupe d'homme qui claquait contre ses jambes, la jeune femme allait de tombe en tombe sans autre but que celui de se détendre. Après une semaine relativement éprouvante, elle avait besoin de calme, et quoi de plus calme qu'une nécropole au beau milieu de la nuit ? Même Bélial se cantonait à un silence reposant, chose que la Nightblade appréciait fortement. Elle expira un nuage de fumée qui l'enveloppa d'un halo blanchâtre lui conférant un étrange aspect fantômatique. Oui, cette soirée était décidément très paisible. Si paisible que Zyaniid ne put s'empêcher de sursauter violemment lorsqu'une voix enfantine retentit soudain, à la fois proche et lointaine.

- Y’a quelqu’un ?

La jeune femme se retourna d'un bloc, pour apercevoir un nuage de corbeaux fondant sur une proie qu'elle ne distinguait pas bien. Profitant de ce bref instant de confusion, elle s'élança silencieusement à travers les sépultures et se dissimula derrière une stèle plus imposante que ses voisines. Se penchant prudemment, elle remarqua avec surprise que la personne qui se débattait avec le nuage d'oiseaux noirs était une gamine ne devant pas dépasser les douze ans, vêtue d'une manière somme toute originale et répandant des nougats sur le sol en tentant de chasser ses attaquants. Sur le coup, Zyaniid ne sut pas quoi penser.

Eh bien, entendit-elle résonner dans son crâne, si je m'attendais à ça !
Je partage votre sentiment pour une fois.

Que pouvait bien faire une petite fille dans un cimetière au beau milieu de la nuit ? La Nightblade soupira. Encore une personne qui avait lu un peu trop de livres et vu un peu de trop de films. Elle fut soudain saisie par une désagréable frustration ; elle qui comptait sur une nuit calme à errer seule dans des endroits déserts, c'était raté ! En soupirant, elle se glissa hors de sa cachette de fortune et se planta juste derrière l'intruse. Cette dernière se retourna et ... lui rentra dedans avec tellement de force qu'elle tomba lourdement sur le sol. Zyaniid haussa un sourcil sceptique. Elle n'avait pourtant pas fait preuve d'une grande discretion en se mettant à découvert. Perplexe, elle planta ses yeux jaunes dans ceux de la gamine.

- Hé vous auriez pu faire attention monsieur… me… me… mademoiselle ?

Monsieur ? La jeune femme tiqua légèrement et dû supporter le fou rire du Prince Démon. Il ne manquerait pas de lui resortir cette affaire pendant un bon moment. Elle remerçia mentalement et très ironiquement la petite fille de l'avoir balancée dans une nouvele galère.

- A ce que je sache, c'est TOI qui vient de me rentrer dedans.

Les yeux mi-clos, un mince sourire étirait le coin de ses lèvres. Elle attrapa sa cigarette entre deux doigts et souffla doucement, faisant courir la fumée blanche le long de ses joues. Elle redressa les épaules. Déjà grande de nature, ses New Rocks lui conféraient une taille non négligeable, si bien qu'elle dominait la gamine d'au moins deux bonnes têtes. Tout dans ses gestes visaient à la rendre mal à l'aise et à la faire partir du cimetière. Zyaniid tenait à sa tranquilité. Sans cesser de sourire, elle reprit :

- Et que fait une gamine comme toi dans un endroit pareil à quelques minutes des douze coups de minuit ? Tu n'as pas des parents et une maison qui meurent d'envie de te revoir ?

Le sourire de cette jeune femme avait vraiment l’air de sortir ironiquement du fond du cœur. Lorsqu’elle se redressa, elle avait déjà l’air plus grande avec une taille qui me faisait penser à… non je ne le dirais pas.

«A ce que je sache, c'est TOI qui viens de me rentrer dedans.

-C’est pas malin de rester derrière quelqu’un quand même. En plus j’ai mit plein de nougats par terre. »

Désespérée à la vue des cinq nougats à terre, je ne pu m’empêcher de soupirer plutôt bruyamment. Je les avais payé cher… je m’en engouffrai aussitôt un dans la bouche et il disparu dans ma gorge aussi vite qu’il est rentré. Je regardais la façon don était habillée mon interlocutrice. Très jolie tenue je trouve. Elle-même l’était plutôt. Ma foi très étranges ses yeux. Après avoir soufflé la fumée de sa cigarette [c'est pas bien de fumer !] elle me regarda et me dit :

«Et que fait une gamine comme toi dans un endroit pareil à quelques minutes des douze coups de minuit ? Tu n'as pas des parents et une maison qui meurent d'envie de te revoir ? »

Si c’était pas le mot à pas dire ça ! J’avais presque totalement rayé « parent » de mon vocabulaire, et il faut que quelqu’un en parle. La gorge sèche, je lui répondis avec une voix neutre :

« Quels parents ? »

Et après je m’étonne que les gens me prennent pour une folle. Ben temps pis.

L'expression de la petite fille avait changé du tout au tout en l'espace d'un instant. Dès que Zyaniid avait prononcé le mot "parents", l'innoncence enfantine avait quitté son visage pour laisser place à une froide et imprévue neutralité. Elle avait la gorge noué et elle parla malgré elle d'une voix rauque.

- Quels parents ?

La jeune femme vit un voile terne se poser sur les prunelles vertes de son interlocutrice. Elle venait de toucher un point sensible qu'elle allait avoir du mal à gérer. N'ayant jamais connu ceux qui lui avaient donné le jour, elle ne pouvait comprendre les sentiments infligés par la perte d'un père ou d'une mère, voire des deux. Elle claqua la langue, laissant échapper un sifflement contrarié.

- Ah ... euh, condoléances.

Tout en finesse Nightblade. J'admire ton tact.
Par pitié, fermez-la !

La situation était déjà bien assez gênante pour que Bélial s'abstienne de commentaires. Zyaniid tirait nerveusement de petites bouffées sur sa cigarette, s'efforçant de ne pas laisser transparaître sur son visage le malaise qui venait de la saisir. Elle mourrait d'envie de partir loin de cette petite fille qu'elle trouvait soudainement indésirable, mais la planter là toute seule ne l'enchantait pas plus. Elle n'était pas d'humeur à consoler les âmes en peine ce soir, cependant elle avait prévu d'autres activités. Et la ramener chez Clément ne l'enchantait pas plus que ça au vu de l'ambiance pesante qui régnait dès qu'elle se retrouvait dans la même pièce que le gunner.

Si ça t'intéresses, j'ai une solution beaucoup plus simple et définitive.
Si ça implique sa mort, laissez tomber.

Zyaniid se serait bien passée des conseils du Prince Démon qui prenait un malin plaisir à l'enfoncer. Finalement, au bout de quelques secondes qui lui parurent une éternité, la jeune femme fit un petit signe à la gamine.

- Bon, eh bien ... bon courage.

Elle tourna les talons et s'enfonça dans l'obscurité, constatant avec stupeur et frustration que ses pas n'étaient pas les seuls à faire crisser le gravier. Elle se demandait ce que cette étrange petite fille pouvait bien lui vouloir.

[raaah j'arrive pas à faire des longs postes !]

- Ah ... euh, condoléances.

Elle avait l’air d’avoir remarqué que la famille, c’était plus vraiment mon truc mais avait apparemment mal compris mes propos. Je ne pu m’empêcher comme une cruche d’esquisser un léger petit sourire au coin de mes lèvres. Elle avait l’air nerveux. C’était plutôt amusant de sa part d’ailleurs. Etrangement, j’avais l’impression que nous n’étions pas seules. Quelqu’un était là aussi. Ce n’était sans doute pas le fossoyeur, non. Ce quelqu’un avait une drôle d’aura, si je puis dire. J’aurai bien aimé voir un fantôme sortir d’un coin sombre, ou un VRAI vampire se balader avec du sang au coin des lèvres. Mais rien de tout ça. Ce qui était encore plus louche, c’est que cette présence venait… de la jeune femme ? Avant même d’avoir pu la questionner, elle me fit un signe et dit :

- Bon, eh bien ... bon courage.

Argh non ! Il ne faut pas qu’elle s’en aille ! J’ai plein de question à lui poser. Une sorte de spasme me poussa à courir pour la rattraper. Je lui pris brusquement le bras.

-A… attends ! Je voulais te dire que mes parents ne sont pas morts ! Je les ai… enfin, en quelque sorte, j’ai fui la maison.

Je lui lâchai le bras en baissant ma tête. En hésitant, je lui dis à voix basse :

-Est-ce que tu as un ami qui se promène ici en ce moment ? Parce que j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre ici… avec une « aura » étrange en plus…

-A… attends !

Zyaniid se crispa au moment même où la petite main se saisissait de son bras. Avec un soupir contrarié, elle se retourna et contempla la gamine de toute sa haute taille.

- Quoi ?
-Je voulais te dire que mes parents ne sont pas morts ! Je les ai… enfin, en quelque sorte, j’ai fui la maison.

La jeune femme ne répondit pas, se demandant ce que cette jeune imbécile avait dans le crâne pour s'enfuir ainsi, vêtue aussi discrètement qu'un phare en pleine nuit et traînant dans ce cimetière. Elle allait lui faire la remarque lorsque la gamine murmura :

-Est-ce que tu as un ami qui se promène ici en ce moment ? Parce que j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre ici… avec une « aura » étrange en plus…

La Nightblade en resta sans voix. Sa mâchoire s'affaissa légèrement et ses yeux s'écarquillèrent un bref instant. Tout à coup, tout ce qu'elle avait imaginé se retrouva balayé par cette seule phrase où se trouvaient des mots qui n'auraient pas dû sortir de la bouche de cette fille. Le mot "aura" était à souligner plusieurs fois d'un énorme trait rouge. De la prison de ses entraves, le Prince Démon laissa échapper un sifflement de stupéfaction.

Eh bien, eh bien ! Je m'attendais à une révélation, mais celle-ci ...
Attendez une minutes, lui répondit Zyaniid en fronçant inconsciemment les sourcils, vous voulez dire ... que vous saviez depuis le début qu'elle allait nous faire un coup pareil ?
Enfin Nightblade, ricana Bélial, tu n'as donc rien sentis d'étrange ?

La jeune femme réalisa soudain que la petite fille elle-même dégageait quelque chose de bizarre. Une puissance étrange tournait autour de son être comme un nuage invisible, de manière si inattendue que la Nightblade n'avait pu la sentir. Elle dû également avouer -à contrecoeur- qu'elle n'avait pas prêté plus d'attention à ce qu'elle croyait être une simple gamine. Ses yeux se fermèrent à moitié tandis que le cynisme étirait ses lèvres en un sourire étrange. A nouveau, elle expira de ses poumons la fumée blanchâtre qui vint tournoyer au-dessus de leurs têtes.

- Dis-donc, tu m'as l'air bien au fait de ce genre de choses. Je ne veux pas croire que tu aies lu un peu trop de livres, car ... oui, il y a bien quelqu'un d'autre. Après, ajouta-t-elle en ricanant doucement, de là à dire que c'est un ami, c'est faire preuve d'un peu trop d'optimisme.

Zyaniid eut la vision furtive de Bélial s'inclinant ironiquement devant elle, un rire grave s'échappant doucement de sa gorge. Elle en sourit de plus belle. Reportant son attention sur la gamine, elle planta son regard d'ambre dans le sien.

- Je crois que nous n'avons pas fait les présentations. Je m'appelle Zyaniid. Et toi, qui es-tu ?

La jeune femme brûlait d'envie de lui demander comment elle avait pu sentir l'aura de Bélial, mais se retint : il était encore trop tôt et elle préférait attendre un peu avant de passer véritablement à un interrogatoire poussé.

- Dis-donc, tu m'as l'air bien au fait de ce genre de choses. Je ne veux pas croire que tu aies lu un peu trop de livres, car ... oui, il y a bien quelqu'un d'autre. Après de là à dire que c'est un ami, c'est faire preuve d'un peu trop d'optimisme.

-Ben la plupart du temps, une aura aussi proche de quelqu’un veut dire que les « personnes » se connaissent bien…

J’ai entendu beaucoup de choses à Paris. Des démons aux kikoos en slip Dior, les unes étaient plus extravagantes que les autres. Pour tout dire, malgré ce que j'avais vécu pendant presque trois ans, je n'avais pas cru à bon nombre d'entre elles. Mais parmi toutes celles qu’on m’a racontées, je crois que je ne connais pas le cas de cette femme mais il me parait étrange. Je m’imaginais déjà l’entendre dire qu’elle est avec Bruce Willis ou qu’elle avait des lunettes faites avec des verres extraterrestres qui lui permettaient de voir les fantômes qui la poursuivaient. Mais qui pouvait bien être ce « quelqu’un d’autre » ? Un ange ? Un démon ? Cela pouvait aussi être quelqu'un de très puissant qui pouvait en un claquemant de doigts m'envoyer dans l'autre monde. Pendant que je réflechissais, elle se tourna vers moi et me dit :

- Je crois que nous n'avons pas fait les présentations. Je m'appelle Zyaniid. Et toi, qui es-tu ?

-C’est bien la première que l’on me le demande ! Je suis Al… Mimétique. Zyaniid… c’est un beau nom, un peu étrange.

J'hésitais à lui dire "mon" prénom. Je me demande pourquoi, puisque ce n'est pas vraiment le miens. Mais je voulais être la plus discrète possible, c'est pourquoi, malgré mes gants en mailles, j'essayais de cacher discrètement les paumes de mes mains. Si ça ce trouve, elle ne sera sans doute pas ravie de voir qu'une fille de treize ans a de tels dessins sur les mains. Peut-être qu'avec un peu de chance, elle pensera que ce ne sont que de vulgaires dessins de fans, mais après ma déclaration, j'en doute. J'avalai un nougat. J'avais très envie de lui demander qui c'était, si il ou elle était puissant, mais je me contentai de prendre un autre nougat, et de le lui tendre en disant :

-Tu en veux un ?