Le commencement de la fin de nos rêves. (Zyan'/Sinji)

Sous ce cimetière, peu de gens le savaient, mais on y avait construit un genre de bunker, pour que les gens comme moi ou Sinji ou enc Zyaniid puissions nous entrainer sans faire exploser la moitié de la ville... On s'était donné rendez-vous ici... Eux pensaient que c'était pour nous entrainer... Moi.... Ben moi je voulais des réponses.... Depuis quelques temps je captais trop de choses étranges, des non-dits qui me mettaient de plus en plus mal à l'aise. J'en avais plus que marre, quelques chose en moi bouillait violemment et pour ne rien arranger lors de mes plongeons dans l'Ether, la voix se faisait de plus en plus présente, j'avais besoin de réponses et rapidement.... Vraiment. J'étais térrifiée et en colère. Toute une chaine de sentiments se mélaient en moi sans que je comprenne vraiment pourquoi. Je ne comprenais pas pourquoi, une partie de moi semblait satisfaite tandis qu'une autre plongeait dans une detresse profonde.... Comme si.... On m'avait arraché un membre mais que c'etait tant mieux... Je secouais la tête. Recroquevillée dans un coin de la salle je jetais un regard sur la pièce. Elle etait vide, seuls quelques mannequins servaient de faire valoir..... Cette fois mes punching balls seraient tout autre.... J'avais l'intention de taper sur les deux être qui allaient entrer dans cette pièce si il le fallait. Je ne sortirais pas d'ici sans une réponse et sans comprendre. Je ne les laisserais pas sortir non plus... J'avais retrouvé le moyen de bidouiller la porte pour faire peur aux novices.... Je l'utiliserais pour les empecher de sortir. J'entendis alors des bruits de pas dans les escaliers menant à la salle. J'inspirais un grand coup et posais la main sur mon ventre pour calmer le monstre qui y somnolait prêt à m'abattre.

Nonchalamment appuyée contre un caveau aux parois noircies de crasse, Zyaniid achevait lentement sa cigarette, savourant chaque bouffée plus que d’habitude. La jeune femme se faisait l’effet d’une condamnée fumant une dernière fois avant son exécution, priant pour qu’elle soit rapide. Sauf que dans son cas, la mise à mort serait très longue et douloureuse – et elle ne serait pas la seule à en profiter. Elle coula un regard en coin à Sinji, lui aussi adossé au mur de pierres poisseuses et exhalant un long nuage blanchâtre qui s’évanouit dans l’air du soir. Enyo leur avait donné rendez-vous dans le bunker secret de l’Ordre, un endroit où les nouvelles recrues étaient formées à l’art du combat et entraînées à maîtriser leurs pouvoirs. Cependant, l’endroit n’était plus que rarement utilisé, tombant peu à peu dans l’oubli. Un lieu parfait pour ce qui allait suivre. La jeune fille avait prétexté un entraînement en vue des batailles futures, mais la Nightblade n’y croyait pas une seconde. Son ami, en revanche, ne se doutait de rien, ce qu’elle pouvait parfaitement comprendre. Il n’avait aucune raison de se poser la moindre question ; il n’avait pas été là quand quelque chose s’était éveillé en Enyo ; il n’avait pas vu Bélial reculer face à cette apparition. Zyaniid serra les dents, priant pour que les entraves patiemment appliquées le matin même par Clément suffiraient à maintenir le Prince Démon en léthargie. Elle n’avait pas du tout envie de le voir de nouveau se mêler de leurs affaires. La jeune femme poussa un soupir de lassitude. Depuis qu’elle était revenue du Pandémonium, tout semblait s’enchaîner d’une manière si tordue que le simple fait d’y penser lui donnait envie de vomir. Les évènements des heures, voire des minutes qu’elle traverserait avec ses amis feraient prendre un nouveau tournant à leur histoire déjà suffisamment compliquée comme ça pour éviter d’en rajouter encore une couche.

... Et puis après tout, pensa-t-elle, maintenant, on ne peut plus rien y faire. Autant jouer le jeu jusqu’au bout, on verra bien quels choix nous attendent.

Sa cigarette à présent consumée, elle posa le mégot au creux de sa main et l’embrasa ; les flammèches le réduisirent rapidement en cendres. Zyaniid souffla sur sa paume, faisant s’envoler des fumerolles d’un noir d’encre et quelques braises mourantes. Elle s’étira longuement en poussant un soupir d’aise, ravie de pouvoir faire travailler ses muscles. Elle se composa un visage neutre, ses lèvres comme toujours légèrement étirées par un discret sourire emplit d’ironie – expression à peine feintée. Se tournant vers le Nightblade aux cheveux bleus, elle lui lança d’un air presque enjoué :

- Bien, je pense que la pause syndicale est terminée ; Enyo doit nous attendre depuis un moment et je suis sûre que tu meurs d’envie de voir à quel point elle a progressé au niveau castagne.

Sans réellement attendre de réponse, la jeune femme se dirigea vers l’entrée du caveau et en poussa les portes sans hésitation. Au lieu d’arriver dans une crypte quelconque, on se retrouvait face à un escalier en colimaçon descendant sous terre, éclairé de quelques néons peinant à repousser les ténèbres environnantes. Zyaniid l’emprunta sans hésiter, suivie de très près par Sinji. Son ami semblait étrangement heureux et nostalgique de revenir ici, sentiment qu’elle partageait bien malgré elle. D’ordinaire, tout ce qui se rapportait à l’Ordre la plongeait instantanément dans une rage noire et meurtrière, mais ce bunker sous-terrain était trop lié à Sion et ses années d’entraînement avec lui, Enyo et Sinji qu’elle s’y était presque attaché. Presque. La jeune femme se laissa aller un moment à ses souvenirs, avant de les repousser très loin dans des replis oubliés de sa mémoire. Après un nouveau tournant, elle vit l’embrasure d’une épaisse porte d’acier restée ouverte. Sans ralentir, elle s’engouffra par l’ouverture, Sinji sur ses talons. Enyo les attendait, prostrée dans un coin opposé de l’imposante salle de béton armé où gisaient quelques mannequins désarticulés et recouvert d’un linceul de poussière grisâtre. Sans se départir de son sourire, la Nightblade planta son regard jaune dans celui de son amie.

- Bonsoir, lança-t-elle calmement de sa voix grave.

Elle vérifia que les entraves de Bélial étaient pleinement fonctionnelles. Rien ne devait la distraire de ce qui allait se passer.