La machine à café

Avant toute chose, avant toute utilisation de cette sainte relique,
je voudrais que nous priions ensembles, à toi St.Georges ces quelques mots :

"Il est une liqueur au poète plus chère
qui manquait à Virgile et qu'adorait Voltaire.
C'est toi divin café, dont l'aimable liqueur
sans altérer la tête épanouit le coeur.
Ainsi quand mon palais est émoussé par l'âge,
Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.
Que j'aime à préparer ton nectar précieux !
Nul n'usurpe chez moi ce soin délicieux.
Sur le réchaud brûlant moi seul tournant ta graine,
A l'or de ta couleur fait succéder l'ébène :
Moi seul, contre la noix qu'arment ses dents de fer,
je fais en te broyant crier ton fruit amer.
Charmé de ton parfum, c'est moi seul qui dans l'onde
infuse à ton foyer ta poussière féconde ;
Qui tour à tour calmant, excitant tes bouillons,
suis d'un oeil attentif tes légers tourbillons.
Enfin de ta liqueur lentement reposée
dans le vase fumant la lie est déposée :
Ma coupe, ton nectar, le miel américain
Que du suc des roseaux exprima l'Africain,
Tout est prêt. Du Japon l'émail reçoit tes ondes
Et seul tu réunis le tribut des deux mondes.
Viens donc divin Nectar, viens donc, inspire-moi…”

Amen, je fit alors couler le doux et divin néctar dans cette belle tasse,
receptacle de ma dose de bonheur quotidienne, mon mug à moi.

[bien evidemment le poème n'est pas de moi hein...]

- Oui, mademoiselle Lexplo Ratrice. Nous allons vous envoyer votre tafiol... Némésis . Oui, c'est le renard. Non, mademoiselle, les autres ne sont pas disponibles. *driiiing! * Un instant.
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Non, monsieur Fantastique, nous n'avons pas retrouvé votre Némésis.
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Mais qu'est-ce que je peux y faire, Mr Pottier ?
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Non, monsieur Fantastique je ne parlais pas à v... *tut*tut*tut* Oh le sal*** !
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NON, je vous dit, monsieur Pottier, je ne peux rien faire pour vous - un instant !
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AU REVOIR !
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FERME-LA !
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MAIS QU'EST-CE QU'ELLE FOUTENT ENCORE CES SECRÉTAIRES ?!

Furieux, j'arrachais les câbles téléphoniques et gueulais à Simone de se remettre au travail, avant de me diriger vers la machine à café. Deux semaines que ce bordel quotidien me pourrissait la vie ! J'enlevais une tasse des mains d'un employé et me commandais... De quel employé ? Le petit dessin stupide ornant le mug martyrisait mes pupilles. Je me retournais le plus calmement possible, c'est à dire en manquant de casser la tasse tant je la serrais, et regardais le scientifique avec un regard démentiel.

- Vous êtes ENCORE à la machine à café ? Votre boulot, c'est pas d'innover ? Si ? Alors INNOVEZ ! Vous vouliez un assistant ? Maintenant vous l'avez, content HEIN !? Allez inventer, je sais pas, un calmant-somnifère pour vilains en furie ! C'est VOTRE BOULOT !
Maintenant, RETOURNEZ BOSSERRRRRRRRRRR !

Puis je buvais le café d'un trait, posais la tasse, ajustais ma cravate et repartais d'un pas toujours furieux vers mon bureau.

J'avais repéré la miraculeuse machine avant d'aller au bureau des candidatures spontanées, et, après avoir subi mon entretien d'embauche, ce dont j'avais le plus besoin était bien un tasse de cette délicieuse boisson.
Alors que j'approchais du local, j'entendis des hurlements
... RETOURNEZ BOSSERRRRRRRRRRR !
Il me semble que je vais devoir m'habituer à un certain niveau sonore, je penserai à venir avec des bouchons d'oreille demain...
Un homme au pas pressé, et à la chevelure remarquable passa devant moi, ou plutôt me fonça dessus et je l'évitais de justesse avant de poursuivre mon chemin vers le divin nectar.
En arrivant (enfin) devant la machine, je trouvais un homme en blouse blanche, le crâne coiffé de lunettes ornées du symbole de la radioactivité en train de s'affairer devant le percolateur sacré en grommelant des paroles inaudibles... hmmm, des lunettes radioactives? Mais quel type de café est donc servi ici?? L'envie de kawa étant plus forte que la peur de l'atome chez moi, je me résignais à attendre mon tour. Et j'hésitais à entamer la conversation avec cet étrange individu...

Les mains dans les poches, je marchais dans les couloirs de la boîte en traînant les pieds, un reste de colère me pesant sur les nerfs. Du sang séché maculait le bas de mon pantalon, faisant craquer le tissu à chacun de mes pas. J'avais passé la matinée à remplir un contrat où le pourcentage de perte était supposé nul ... mais ma haine des boulets ayant été la plus forte, j'avais "malencontreusement" supprimé le super neuneu qui m'avait servi d'adversaire. Kurtzmann m'avait passé un savon sans trop insister, le chèque ayant été encaissé en prévision de ce genre d'incident. En soupirant, je grattais négligemment une croûte rougeâtre sur mon bras qui m'avait étchappé. Un bon café et une douche chaude, voilà ce qu'il me fallait. En me dirigeant vers l'espace détente, je croisai la route de Trueman. Je dû me faire violence pour ne pas rougir, et me contentai d'un salut rapide et cordial. Dès qu'il se fut éloigné, je me retournai et le regardai tout à loisir. Je vous épargne les fantasmes qui me traversèrent l'esprit à ce moment-là, toujours est-il que je me retrouvai devant la machine à café de bien meilleure humeur. Je tapais gentiment sur lépaule de Caleb en guise de bonjour, me saisissai d'une tasse, la remplie de café bouillant et la vidait d'une traite. Avec un râle de satisfaction, je m'adossai au mur ... avant d'être frappé par un détail. Je tournai la tête ... ah oui, quel détail ! Une demoiselle toute menue, blondinette et possédant deux paires de cornes somme toute incongrues me regardait droit dans les yeux. Une récente entrevue avec notre bien-aimé DRH me revint en mémoire. Etait-elle la personne dont il m'avait parlé ? Si oui, ça allait être sportif ... D'une voix que je voulais la plus neutre possible, je demandais :

- Thora Korventen ?

Le scientifique atomique savourait son café de telle sorte que cela semblait plus proche d’un rituel religieux (du genre à accomplir 10 fois par jour en temps ordinaire et 20 fois le jour de la Saint George) que d’une simple pause. Je n’osais pas interrompre son extase et je me servis un expresso bien noir et sans sucre, à l’italienne. Je me dégageais afin de laisser libre la place devant la machine et observais silencieusement Caleb (son prénom était brodé sur sa blouse).
La place libre se vit rapidement occupée par euh… une personne….de sexe…. Euh, difficile à dire, mais en dépit d’une musculature particulièrement développée et d’un cou de taureau, je dirai féminin…Qui déboula du couloir, tapa sur l’épaule de Caleb sans que celui-ci ne semble le remarquer, se servit une tasse de café et l’avala goulument sans proférer une parole mais seulement un son exprimant visiblement sa délectation.
Je finis mon café avant qu’il ne refroidisse et reportai mon attention vers le/la nouveau/velle venu/e.
Je remarquai le sang séché maculant son pantalon large et, observais-je en remontant mon regard, ses bras, ainsi que sa joue droite. Je fixais cette dernière tache en me demandant comme aborder diplomatiquement le sujet et lui conseiller un petit tour devant un miroir quand elle (oui, c’est définitivement une fille, elle a des seins) m’adressa la parole :

« Thora Korventen ? »

Si elle connaît mon nom, de deux choses l’une, soit c’était une parapsy soit c’était Charon Neïgney et Hyppolite lui avait déjà parlé de moi. J’optai pour la seconde hypothèse :

« Oui c’est moi, vous êtes Charon Neïgney? Mr Kurtzman m’a conseillée de m’adresser à vous pour un stage de remise à niveau, mais je doute qu’on puisse faire ça ici... »

J’ignore pourquoi mais de voir tout ce sang ne me choquait absolument pas, mon cerveau avait dû intégrer inconsciemment le fait que des super-vilains, ça peut être recouvert de sang, voire, dans le pire des cas, finir en flaque de sang.
Quoiqu’il en soit, j’avais un excellent détachant contre le sang chez moi, et une pommade cicatrisante très efficace.

["Cou de taureau" ? ... Bon, refaire la description et l'avater du perso. Vite. Ah, et désolée pour les fautes ignobles faites sur le post précédent.]

Le petit regard inquisiteur de la demoiselle ne m'échappa pas, tout comme le léger temps d'arrêt sur ma poitrine. Je laissai un sourire amusé étirer mes lèvres, bien consciente que j'étais tout sauf féminine. D'autant plus que ma dégaine actuelle n'arrangeait pas les choses ... En passant un doigt sur ma joue, je sentis la surface rugueuse du sang séché étalée sur une bonne partie de mon visage. En silence, j'en ôtai le plus posible, me disant qu'il était effectivement urgent que je fasse un détour par la salle de bain la plus proche. En attendant, mon interlocutrice me répondit d'un air joyeux qui m'étonna assez.

- Oui c’est moi, vous êtes Charon Neïgney? Mr Kurtzman m’a conseillée de m’adresser à vous pour un stage de remise à niveau, mais je doute qu’on puisse faire ça ici...

Je levai les sourcils, surprise. Définitivement, cette fille était intéressante. Son attitude était complètement en décalage avec son physique et sa tenue vestimentaire, donnant déjà une idée du personnage. Apparemment, Kurtzmann l'avait déjà brieffée ... Tant mieux ! Les choses commençeraient plus vite. Et pour peu qu'elle ait un pouvoir intéressant, la remise à niveau serait somme toute explosive. Je plantai mon regard dans le sien.

- Tout à fait. A ce que je vois, notre bien-aimé DRH a déjà fait les présentations.

Je reposai ma tasse à café sur la table, puis me retournai à nouveau vers Thora. J'étais légèrement plus grande qu'elle, ce qui me la rendit déjà plus sympathique. J'aimais rarement les gens plus grand que moi ... Enfin bref, je continuai sur ma lancée.

- Pour parler business, je propose qu'on descende dans le hall. C'est plus tranquille, et les couloirs sont moins fréquentés par les bureaucrates névrosés.

Voir Kurtzmann était bien la dernière chose qui me fallait aujourd'hui. A la moindre critique de sa part, j'aurai été capable de faire sauter le bâtiment sans vraiment m'en rendre compte ! En fait, je crois que ce n'était pas un bon jour pour grand'chose ... Mais bon, il allait falloir faire avec. Je prendrai sur moi pour faire un effort avec la petite nouvelle qui allait avoir l'immense joie de se retrouver avec moi en "remise à niveau".


[c'est court, c'est nul, désolée]